mardi 20 septembre 2011
Qu’y a-t-il derrière la manifestation que vous entendez organiser dans le cadre de la Journée mondiale pour la paix ?
Il s’avère que, revenue dans mon pays dans ce contexte de fièvre électorale et surtout avec ma conviction et ma foi en Jésus-Christ qui m’interpelle à servir à temps et à contre-temps, l’un de mes objectifs dans ce contexte est de contribuer à la construction et à l’avenir de ce pays avec des personnes de bonne volonté qui croient en son avenir. Forte des expériences à travers le monde dans les domaines comme la paix avec la justice, la justice économique, les droits humains des femmes et des enfants, l’environnement, la santé, etc, et en tant que théologienne, je dois observer, réfléchir, voir et agir de concert avec ceux qui croient que nous avons l’obligation de promouvoir la vie que Dieu nous a donnée. J’arrive peut-être au mauvais moment. Mais comment me taire ? La paix n’est pas un sujet tabou. C’est un mot-clé qui se retrouve à la fois dans l’hymne et la devise de notre pays. Dans le contexte actuel, on ne sait même plus ce que c’est. Il faut donc avoir ce courage de réfléchir et agir. Ce n’est qu’une continuation de mon engagement au niveau local. Il est regrettable de tomber dans un contexte où tout se limite à la survie quotidienne en sacrifiant d’autres valeurs immatérielles dont le développement de l’être.
Qu’est-ce qui justifie une marche pour la paix ?
A l’occasion de la Journée internationale pour la paix, cette manifestation fait partie de notre plan d’action à court terme. La première activité était d’avoir des consultations avec des associations féminines pour susciter une collaboration et créer des synergies d’actions des femmes dans le cadre du réseautage. On a pris beaucoup de contacts et tenu des réunions avec des associations féminines pour la paix et dans tous les domaines d’activités économique, social et culturel. Après ces contacts, c’est la mobilisation pour la campagne des femmes dans la paix. Compte tenu du nombre d’organisations partenaires, nous allons tenir des séminaires de formation pour véhiculer l’information et dispenser une éducation sur la culture de la paix et des droits humains des femmes. Après cette phase, nous ferons le tour des 10 régions du pays. Puis ce sera une évaluation pour voir si nous avons réussi à implémenter tout cela.
Qu’est-ce que vous escomptez au bout de tout cela ?
Si je peux anticiper, mon souhait le plus ardent est de vivre cette prise de conscience, cet éveil de la femme pour le développement de notre pays, le renforcement des capacités des femmes dans l’information, la formation et l’éducation dans la culture de la paix et de leurs droits. Car les femmes ont des droits qu’elles ignorent et qui demandent à être appliqués. Je souhaite vivre un dynamisme nouveau de la femme dans sa contribution pour un pays émergent en 2035. Qu’il y ait autant de lieux d’information, de formation et d’éducation de la femme dans nos quartiers que de salons de coiffure et d’ateliers de couture. Des lieux où les femmes se mettent ensemble pour parler de leurs problèmes et de paix et non pour coudre les kaba du 8 mars uniquement. La paix n’est pas seulement l’absence de confrontations et de troubles. Chacun peut définir la paix à sa convenance. Mais il y a ces violences faites aux femmes – psychologiques et physiques - et qui nous interpellent à faire la paix avec la société en général, entre les hommes et les femmes en particulier, sans oublier la promotion de l’égalité hommes-femmes. Il ne s’agit pas d’une égalité mathématique, mais plutôt d’une opportunité pour les deux partenaires de contribuer à la construction d’une harmonie relationnelle dans leur vie selon les dons qu’ils ont reçus de Dieu ou selon leurs capacités pour le bien de leurs familles et de la communauté.
Entretien avec Jacques Doo Bell(Le Messager)